S’abandonner, se laisser aller, tant d’expressions négativement connotées que je voudrais réhabiliter.
Si elles sont mal aimées c’est à cause du risque qu’elles impliquent : le cerveau n’aime pas relâcher le contrôle, aller vers la découverte et l’inconnu. Dès qu’une situation ou une information est perçue comme menaçante ou stressante, le cerveau active nos systèmes nerveux et hormonaux pour nous préserver : tendre nos muscles, mettre nos sens en alerte, activer les battements cardiaques etc.
En fait notre corps est tellement conçu pour la survie de l’espèce, qu’il est difficile de débrancher ces mécanismes de protection. Une partie de nous est toujours sur le « qui vive ».
Et pourtant… si nous cultivions notre capacité à « nous abandonner à » ?
Cette réflexion m’est venue alors que je pratiquais une séance de water shiatsu avec @etmereveille_doula_haptonome.
Guidée par ses mains savantes, mon corps faisait des mouvements amples dans l’eau. Les yeux fermés, allongée sur le dos, je devais m’abandonner « corps et âme » dans ce bain tiède, portée par la densité liquide. Libérée de l’apesanteur, je sentais toutes mes tensions physiques en puissance x10. C’était difficile de faire face à toutes ces rigidités physiques en moi. En même temps, j’ai pris conscience de ce que je devais laisser aller.
Devant faire confiance à Marion dans sa guidance, j’étais mise au défis dans ma capacité à me laisser porter par les mouvements qu’elle « m’imposait », bravant parfois une peur irrationnelle de boire la tasse.
Ce contexte aquatique activait clairement mon cerveau reptilien (de la survie) pour mieux lui permettre de se rassurer et de relâcher des peurs.
Pour finir, je faisais l’expérience de la fluidité de l’élément eau, vivant par la même occasion la fluidité de la vie en écho avec ma propre gestation.
Et pour accéder à toutes ces dimensions, j’étais littéralement placée devant la nécessité et la difficulté « de s’abandonner à ».
Parfois l’abandon prend la forme d’une force de renoncer, de quitter, de démissionner ; d’une force de dépasser ses mécanismes de survie pour retrouver pleinement sa capacité de choix (et ne plus subir son cerveau reptilien). Choisir ce qu’on veut vivre, choisir comment on veut le vivre, choisir qui on veut être, choisir de faire confiance à l’inconnu et à la découverte.
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